La Pédagogie de Maîtrise à Effet Vicariant
Il s’agit d’un apprentissage par observation/reproduction. C’est la façon dont le jeune enfant, depuis sa naissance, a appris un grand nombre de choses sans que personne ne les lui aient enseignées. La P.M.E.V considère que l’enseignant/éducateur n’est pas le seul à détenir le savoir, mais que les enfants détiennent également des connaissances dont ils peuvent faire profiter leurs paires. La pratique de la P.M.E.V est une alternance de phase en autonomie où chaque élève va se confronter à des tâches et de moment de bilan dans lequel les élèves vont se soutenir mutuellement pour résoudre les tâches qu’ils n’ont pu résoudre seuls. Nous pouvons dès lors parler de pédagogie coopérative, par objectifs.
Les origines de la PMEV
Le travail de Michel MONOT
C’est en Nouvelle-Calédonie qu’est née la PMEV sur le terrain. Monot, inspecteur académique et son équipe cherchent une solution contre l’absentéisme très présent sur l’île dans les années 90. Ils souhaitent mettre en place un véritable projet qui permette aux jeunes absents de revenir en classe et de suivre les apprentissages.
Monot s’appuie sur quelques principes :
redonner le goût de l’école aux élèves,
permettre aux élèves absents de rattraper les notions étudiées en classe,
respecter le rythme de chacun, des plus lents aux plus rapides.
Il veut réintroduire en classe le plaisir, la communication, le droit à l’erreur, le respect des rythmes, le respect des idées. Il va se détacher du cours magistral, du cours frontal pour imaginer un autre fonctionnement de classe.
Les travaux de Bloom
La Pédagogie de Maîtrise naît dans les années 60 aux Etats-Unis avec Bloom. Bloom s’appuie sur une enquête qui révèle que les enfants enseignés pendant douze ans ne maîtrisent que huit années de contenu. Bloom cherche alors à rendre les apprentissages plus efficaces. Il part d’un principe simple : pour apprendre, les élèves ont besoin de temps. Il cherche aussi à mettre les élèves dans les meilleures dispositions afin qu’ils soient motivés et qu’ils s’investissent. Bloom imagine un protocole afin que chaque élève puisse mieux apprendre. La PMEV reprend plusieurs idées de Bloom. D’abord l’idée forte que pour apprendre, les élèves ont besoin de temps. Egalement l’idée qu’en fixant des objectifs clairs, on parvient plus facilement à les atteindre. Enfin que le contexte d’apprentissage doit engendrer motivation et investissement chez l’élève.
Les travaux de Bandura
L’effet vicariant vient de la traduction de ‘’vicarious learning’’, que l’on pourrait aussi traduire par apprentissage indirect. C’est à Albert Bandura dans les années 1970 que l’on doit ce concept. Pour la plupart des théories, l’apprentissage ne peut se faire qu’en accomplissant une action et en faisant l’expérience de ses conséquences. Bandura ajoute un élément capital. Il pense que les apprentissages peuvent aussi résulter de l’observation. Selon lui, on est tous capable d’observer, d’en tirer des conclusions pour soi-même, de s’autoréguler, donc d’apprendre en observant. La PMEV va s’attacher à mettre en place un temps spécifique où cet apprentissage vicariant pourra exister.
La pédagogie Freinet
Au début d’un XXème siècle, Célestin Freinet, met au point une pédagogie qui place les élèves comme acteurs du projet éducatif. Elle prend en compte la dimension sociale de l’enfant, voué à devenir une être autonome, responsable et ouvert sur le monde.
Le tâtonnement expérimental.
L’enfant apprend de ses propres expériences. Il émet ses hypothèses, fait ses découvertes et construit ainsi ses propres connaissances et savoirs faire. La mémorisation qui ne s’appuie pas sur du par cœur se fait alors sans effort.
Un rythme d’apprentissage individualisé.
L’enseignant fixe une feuille de route avec des objectifs à atteindre, c’est l’élève qui définit ensuite les tâches et activités qu’il accomplira individuellement, en fonction de ses capacités. Il progresse à son rythme.
L’autonomie
En gérant lui même l’organisation de son travail, l’élève développe son autonomie et sa responsabilité. Cette grande souplesse l’encourage à travailler davantage.
Les exercices auto correctifs à disposition des élèves contribuent à cette autonomie.
La coopération entre pairs.
La coopération est au cœur de la pédagogie Freinet. Les travaux de groupes sont favorisés et permettent de développer le dialogue, la capacité d’organisation, le respect et la solidarité.
L’organisation coopérative de la classe.
La vie de classe est rythmée par des temps collectifs d’échange, de partage, de régulation, de mise en place des projets. Les compétences orales et d’écoute ainsi que la construction de l’esprit critique sont favorisées. C’est Freinet qui a installé la démocratie en classe.
La place du professeur.
Lorsque Freinet expérimente sa pédagogie alternative, il commence par supprimer l’estrade dans la classe pour se mettre à son niveau. La transmission des connaissances ne repose plus sur un enseignement basé sur une relation hierarchique. L’enseignant est un accompagnateur qui donne à l’enfant les moyens de construire ses savoirs. Dans le même esprit, de nombreuses responsabilités sont déléguées aux élèves.
L’expression libre.
La réalisation du journal scolaire permet aux élèves de s’exprimer librement. Nous pouvons considérer de la même manière la réalisation d’exposés, la mise en place de correspondances et plus généralement le dessin libre.
L’évaluation formatrice.
Célestin Freinet contestait le principe de l’évaluation finale et des examens qui apparaissaient comme l’objectif unique de l’enseignement. L’évaluation doit valoriser les progrès de l’enfant
La pédagogie Montessori
A la même période que Freinet, nous parlions également de Maria Montessori. Si des similitudes existent entre les méthodes Freinet et Montessori, telles que l’autonomie, l’activité de l’élève, la grande différence réside dans le fait que chez Montessori l’apprentissage se fait de manière individuelle, par le jeu, dans un environnement qui a été pensé favorable à l’épanouissement de l’enfant, avec un matériel spécifique, objectivement organisé.
Pour Maria Montessori, l’individu agit par lui même pour apprendre parce qu’il est motivé par la curiosité naturelle. L’important est du cultiver cette envie d’apprendre.
Maria Montessori met l’accent sur la notion de « période sensible », qu’elle qualifie comme une période qui correspond à une motivation profonde de l’enfant pour un apprentissage particulier. Elle insiste également sur le fait que l’apprentissage passe par tous les sens simultanément.
Apprendre en mouvement.
Dans une ambiance Montessori, l’enfant a la possibilité de répondre à son besoin naturel de bouger, que ce soit par la liberté de se déplacer dans la salle ou la possibilité de manipuler le matériel.
La liberté de choisir.
L’enfant va librement porter son choix sur une activité qui l’attire, à condition qu’elle ne soit pas utilisée par un autre élève et que son éducateur la lui ait présentée. Il a la possibilité de répéter cette activité autant qu’il le souhaite.
Apprendre à faire seul.
Le matériel proposé est auto correctif, l’enfant peut donc travailler sans l’aide de l’adulte.
Le matériel Montessori
Le matériel proposé est attrayant, il présente la caractéristique d’isoler les concepts. Il est ordonné de manière rigoureuse et progressive et organisé par aires. Il n’est présent qu’en un seul exemplaire
L’environnement de travail.
L’enfant est encouragé à prendre soin de son environnement de travail en rangeant son matériel lui même et en participant au nettoyage de l’espace de vie.
Le mélange des âges.
La classe multi âge permet le développement des compétences d’échange et d’entraide. Les plus jeunes sont stimulés par les plus grands, qui eux même pourront éprouver la joie de montrer ou aider aux plus jeunes, renforçant de ce fait leur connaissance d’un concept.
La place du professeur.
L’éducateur prépare soigneusement l’ambiance pour répondre aux besoins des élèves. Sa posture est accompagnante et discrète. Il intervient principalement pour présenter une activité à l’enfant, le plus souvent en relation individuelle.
Les expérimentations de Céline Alvarez
Au début du XXIème siècle, Céline Alvarez a repris et développé les travaux de Maria Montessori et les a enrichis avec les avancées scientifiques contemporaines, notamment en psychologie cognitive comportementale, en neurosciences cognitives, affectives, sociales ; ainsi qu’en linguistique française.
Elle parle alors de compétences exécutives, qui sont aujourd’hui largement reconnues comme étant les fondations biologiques de l’apprentissage et de l’épanouissement global.
Les fonctions exécutives sont les fonctions essentielles de notre intelligence, elles sont au nombre de trois :
la mémoire de travail. Fonction permettant de retenir une information pendant un temps court. Elle permet la planification des actions.
le contrôle inhibiteur. Capacité à contrôler les gestes et les émotions par l’inhibition. Cela permet de réfléchir avant d’agir.
la flexibilité cognitive. Permet de détecter une erreur et de réajuster la stratégie pour atteindre l’objectif. D’elle découle la créativité.
La théorie des intelligences multiples de Howard GARDNER
Dans les années 1970, Gardner met en évidence le fait qu’il existerait 8 formes d’intelligence, regroupées sous 4 types :
les intelligences d’action : interpersonnelle et intrapersonnelle.
les intelligences scolaires : logico-mathématique et linguistique.
Les intelligences environnementales : musicale et naturaliste.
Les intelligences méthodologiques : kinesthésique et visuo-spatiale.
Selon cette théorie, le type d’intelligence prédominant chez l’élève va orienter ses intérêts et sa façon de penser et de concevoir les choses. En reconnaissant la particularité de chaque élève, l’enseignant va donc pouvoir lui présenter un même sujet, sous une forme différente, adaptée à son intelligence dominante.
L'école du dehors
Le principe est simple : amener régulièrement les enfants dans la nature, afin d’exploiter cet environnement exceptionnel pour observer et étudier toute une série de thématiques. Il est en parfaite adéquation avec ce que Maria Montessori préconisait, à savoir la mobilisation de tous les sens, mais également avec la théorie des intelligences multiples dont certaines seront plus facile à exercer à l’extérieur.
Mettre l’enfant au contact de la nature lui permet de recréer un lien fort avec celle ci, qui tend à disparaître de nos jours au profit des écrans, pratiquer une activité physique bénéfique pour sa santé, diminuer son niveau de stress, développer sa créativité et augmenter son estime de soi.